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ARTISTES / Entretien avec Claude Viallat



Je suis originaire d'Aubais. À Aubais, il y a des courses camarguaises, où on fait courir des taureaux sans engoulage, lors d’un festival de taureaux neufs. C’est actuellement un des derniers lieux où il y a un plan. C’est une petite arène avec des théâtres sans pourtour est sans contre-piste, c'est-à-dire que les théâtres sont directement sur l’arène et les raseteurs sautent sur les théâtres.



Quand j'étais jeune, j’allais raseter les taureaux à Aigues-Vives, Congénies, Calvisson et dans les villages autour d’Aubais. À l’époque, je ne savais même pas que je ferai de la peinture. Souvent je faisais le premier raset. Quand le taureau rentrait, je faisais un raset de manière à ne pas gêner les autres et en même temps me faire plaisir. J'essayais surtout, de tirer le taureau derrière moi et d'avoir le coup de barrière. Quand le taureau vous suit suffisamment près pour qu'il saute derrière vous et que vous vous en tiriez.



J'y allais pour le plaisir de raseter, de courir, d’affronter le danger, pas du tout avec un souci d’enlever la cocarde ou d'essayer d'avoir des trophées.

Le taureau est pour moi, un questionnement, une figure mythique, une manière d'affronter une démesure.

Les deux premières peintures ont été des tauromachies puis j'ai continué à faire des taureaux, quand j’ai un moment de libre, si je dois faire un dessin figuratif c'est plutôt des taureaux que je fais.





Les pièces de tauromachie je ne les vends pas. J'en ai donné quelques-unes mais je les garde en principe, c'est un peu un domaine réservé, que je montre à l'occasion, alors que la peinture est un questionnement quotidien. Je ne sais jamais ce que je vais faire quand je me mets à peindre.

Chaque jour c’est le support qui va me donner le résultat, la manière dont il va prendre la couleur et la restituer, c'est pas du tout une manière de dominer la couleur, c’est au contraire de la laisser aller et la prendre telle qu'elle se donne.







Mes supports sont des couvercles de boîtes, des supports de récupération, le choix se fait à la forme du matériau, à la qualité, la sensualité et la couleur du bois, les accidents qu'il porte avec lui ou qui le constituent. J'essaie au maximum de varier la technique toujours de la manière la plus évidente et la plus simple, la plus immédiate sans vouloir faire preuve de maestria ou de savoir les choses se nouent entre elles et se mettent en relation, c’est ce dialogue des objets entre eux qui, pour moi, est important.







“ C’est très souvent des bois flottés ? ”


C’est ce qu'on me porte, maintenant c'est ce qu'on me porte, avant c'était des bois flottés parce que j'allais au Rhône les chercher, maintenant je ne peux plus y aller, j’ai du mal à en récupérer.


“ Ah ! C’est une bonne demande ! ”


Elle était explicite (rires).

Je vous en prie, si vous avez des questions n'hésitez pas, sur ce que vous avez vu vous pouvez prendre les photos que vous vous voulez.


Cette interview est également disponible en vidéo.

Crédit photos : Yves Martin / Artothèque Sud

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